Sous la direction du jeune chef Tarmo Peltokoski, l'Orchestre philharmonique de Radio France interprète la première symphonie de Dmitri Chostakovitch. Extrait du concert donné le 29 avril 2022 à l'auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique
Allegretto - Allegro non troppo
Allegro
Lento
Allegro molto - Lento - Allegro molto
C’est en 1919, à l’âge de treize ans, que Dimitri Dimitrievitch Chostakovitch fit son entrée au Conservatoire de sa ville natale, alors appelée Pétrograd, future Léningrad, ancienne et future Saint-Pétersbourg. Élève d’Alexandra Rozanova puis de Leonid Nikolaïev au piano, il étudia la fugue et le contrepoint avec Nikolaï Sokolov, mais aussi la composition avec Maximilian Steinberg, jadis disciple de Liadov, Rimski-Korsakov et Glazounov. La mort de son père plongea la famille Chostakovitch dans une grande précarité, et le jeune homme accepta en 1923 une place de pianiste d’accompagnement dans différents cinémas.
Il renoncera finalement à cette activité qui limitait son temps d’étude et de création. Le jeune Chostakovitch imagina tout d’abord une carrière de pianiste concertiste, mais pour une raison inexpliquée, il fut radié de la liste des élèves du Conservatoire en 1923, et même renvoyé pour « trop grande immaturité ». Il ne put le réintégrer en cycle de perfectionnement qu’en 1926, immédiatement après la composition de sa Première Symphonie en fa mineur, qui portait déjà le numéro 10 dans son catalogue d’opus.
Dès 1923, Chostakovitch jeta de premières idées pour le scherzo de cette symphonie, mais la composition ne commença véritablement qu’à l’automne 1924 pour se terminer au printemps suivant. « Je n’ai pas encore écrit le finale et je n’arrive pas à l’écrire, confia-t-il à un ami en cours de route. La symphonie voit donc le jour en trois mouvements. Par pur découragement, j’ai commencé l’orchestration du premier mouvement et je l’ai menée à bien, réexposition comprise. En ce moment, je copie les parties d’orchestre, une activité vaine à tous égards. » L’œuvre comportera finalement quatre mouvements pour une durée d’une demi-heure environ.
« Lorsque je montrai à Alexandre Konstantinovitch [Glazounov, alors directeur du Conservatoire] le début de ma Première Symphonie (dans une réduction pour piano à quatre mains), il ne fut pas satisfait par l’harmonie, incorrecte selon lui, de l’introduction, qui suivait les phrases initiales de la trompette en sourdine. Il me demanda de corriger ce passage et me proposa sa variante harmonique. Je n’eus évidemment pas le courage de répliquer. Mon respect et mon affection pour Glazounov étaient beaucoup trop grands, et son autorité incontestée. Quelque temps plus tard cependant, mais encore avant l’exécution orchestrale de la symphonie et l’impression de la partition, j’ai rétabli ma variante, à la grande indignation d’Alexandre Konstantinovitch. »
Chostakovitch étudiait alors la direction d’orchestre avec Nikolaï Malko, à qui il confia le soin de la création, le 12 mai 1926 à la tête du prestigieux Orchestre philharmonique de Léningrad. Malko affirma plus tard : « J’ai l’impression d’avoir ouvert un nouveau chapitre de l’histoire de la musique et d’avoir découvert un nouveau grand compositeur. » Ce coup d’essai fut en effet un coup de maître, en particulier dans le scherzo qui contient déjà en germe toute la force du « style Chostakovitch », et qui fut bissé le soir de la création. Son maître Steinberg perçut « l’expression d’un talent supérieur », et des interprètes aussi prestigieux que Leopold Stokowski, Bruno Walter ou Arturo Toscanini l’inscrivirent aussitôt à leur répertoire.
De passage en URSS, le compositeur Darius Milhaud écrira plus tard dans ses Notes sans musique : « Un jeune homme, les yeux rêveurs cachés par de grandes lunettes, vint me montrer une symphonie d’où se dégageaient, en dépit de sa forme et de sa construction assez conventionnelles, des dons véritables et une certaine grandeur, surtout si l’on réalisait que son auteur, Chostakovitch, n’avait alors que dix-huit ans et était encore au Conservatoire. » Quant à Alban Berg, après une exécution de la partition à Vienne le 28 novembre 1928, il écrivit à Chostakovitch : « Ce fut une grande joie pour moi de découvrir votre symphonie. Je la trouve vraiment merveilleuse, surtout le premier mouvement. »
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Allegro
Lento
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C’est en 1919, à l’âge de treize ans, que Dimitri Dimitrievitch Chostakovitch fit son entrée au Conservatoire de sa ville natale, alors appelée Pétrograd, future Léningrad, ancienne et future Saint-Pétersbourg. Élève d’Alexandra Rozanova puis de Leonid Nikolaïev au piano, il étudia la fugue et le contrepoint avec Nikolaï Sokolov, mais aussi la composition avec Maximilian Steinberg, jadis disciple de Liadov, Rimski-Korsakov et Glazounov. La mort de son père plongea la famille Chostakovitch dans une grande précarité, et le jeune homme accepta en 1923 une place de pianiste d’accompagnement dans différents cinémas.
Il renoncera finalement à cette activité qui limitait son temps d’étude et de création. Le jeune Chostakovitch imagina tout d’abord une carrière de pianiste concertiste, mais pour une raison inexpliquée, il fut radié de la liste des élèves du Conservatoire en 1923, et même renvoyé pour « trop grande immaturité ». Il ne put le réintégrer en cycle de perfectionnement qu’en 1926, immédiatement après la composition de sa Première Symphonie en fa mineur, qui portait déjà le numéro 10 dans son catalogue d’opus.
Dès 1923, Chostakovitch jeta de premières idées pour le scherzo de cette symphonie, mais la composition ne commença véritablement qu’à l’automne 1924 pour se terminer au printemps suivant. « Je n’ai pas encore écrit le finale et je n’arrive pas à l’écrire, confia-t-il à un ami en cours de route. La symphonie voit donc le jour en trois mouvements. Par pur découragement, j’ai commencé l’orchestration du premier mouvement et je l’ai menée à bien, réexposition comprise. En ce moment, je copie les parties d’orchestre, une activité vaine à tous égards. » L’œuvre comportera finalement quatre mouvements pour une durée d’une demi-heure environ.
« Lorsque je montrai à Alexandre Konstantinovitch [Glazounov, alors directeur du Conservatoire] le début de ma Première Symphonie (dans une réduction pour piano à quatre mains), il ne fut pas satisfait par l’harmonie, incorrecte selon lui, de l’introduction, qui suivait les phrases initiales de la trompette en sourdine. Il me demanda de corriger ce passage et me proposa sa variante harmonique. Je n’eus évidemment pas le courage de répliquer. Mon respect et mon affection pour Glazounov étaient beaucoup trop grands, et son autorité incontestée. Quelque temps plus tard cependant, mais encore avant l’exécution orchestrale de la symphonie et l’impression de la partition, j’ai rétabli ma variante, à la grande indignation d’Alexandre Konstantinovitch. »
Chostakovitch étudiait alors la direction d’orchestre avec Nikolaï Malko, à qui il confia le soin de la création, le 12 mai 1926 à la tête du prestigieux Orchestre philharmonique de Léningrad. Malko affirma plus tard : « J’ai l’impression d’avoir ouvert un nouveau chapitre de l’histoire de la musique et d’avoir découvert un nouveau grand compositeur. » Ce coup d’essai fut en effet un coup de maître, en particulier dans le scherzo qui contient déjà en germe toute la force du « style Chostakovitch », et qui fut bissé le soir de la création. Son maître Steinberg perçut « l’expression d’un talent supérieur », et des interprètes aussi prestigieux que Leopold Stokowski, Bruno Walter ou Arturo Toscanini l’inscrivirent aussitôt à leur répertoire.
De passage en URSS, le compositeur Darius Milhaud écrira plus tard dans ses Notes sans musique : « Un jeune homme, les yeux rêveurs cachés par de grandes lunettes, vint me montrer une symphonie d’où se dégageaient, en dépit de sa forme et de sa construction assez conventionnelles, des dons véritables et une certaine grandeur, surtout si l’on réalisait que son auteur, Chostakovitch, n’avait alors que dix-huit ans et était encore au Conservatoire. » Quant à Alban Berg, après une exécution de la partition à Vienne le 28 novembre 1928, il écrivit à Chostakovitch : « Ce fut une grande joie pour moi de découvrir votre symphonie. Je la trouve vraiment merveilleuse, surtout le premier mouvement. »
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